Un été sans gazer … cinq ans plus tard

Un été sans gazer … cinq ans plus tard

ÊTRE MILLIONNAIRE

Il y a 5 ans aujourd’hui, à midi tapant heure de Yellowknife (14h heure du Québec), je mettais le pied par terre pour une dernière fois en 104 jours, comme prévu! Entre le premier mai et le 13 août 2018 pendant les 6 500 km qui séparent notre maison actuelle en Gaspésie de l’endroit où est né mon premier enfant, j’ai donné 1 706 250 coups de pédale, m’auto déclarant du coup … millionnaire! 

Cette longue traversée a commencé au début des années 1980 alors que j’avais une douzaine d’années et un vélo 10 vitesses tout neuf. Je commençais à prendre conscience du concept de liberté qui m’est si cher. Avec l’arrivée d’un bon vélo dans ma vie, j’élargissais mon territoire d’exploration.

À quelque part dans un duo tang est écrite la phrase  : 

«  Avant l’âge de 50 ans, je traverserai le Canada à vélo.  »

38 ans après avoir griffonné ces mots, un peu avant midi, avec mes quatre sacoches remplies, une remorque et beaucoup trop de cossins sur mon vélo, je poussais finalement mon gréement hors du stationnement de ma maison de St-Siméon en Gaspésie. 

J’avais pris quelques semaines pour réfléchir au matériel qui allait peut-être me servir durant l’expédition et je n’avais pas jugé utile de m’entraîner physiquement avant mon départ. Je me disais que j’allais avoir amplement le temps de «  m’entraîner  » une fois sur la route! Cinq ans plus tard, je peux dire que c’était une bonne décision compte-tenu du rythme relativement lent de 65 km en moyenne par jour que j’avais prévu. Mais au jour 1 des 104 jours que devaient durer la traversée, je dois avouer que j’avais certains doutes!

Au cours des prochains mois, au rythme de ma traversée d’il y a cinq ans, je souhaite revisiter ce voyage mémorable dans ma vie. Je le fais pour moi, simplement parce que j’en ai envie. J’y pense depuis mon retour en août 2018. 

Je le fais pour Émile et Julianne, mes enfants qui avaient 10 ans et 8 ans lorsque je les ai rejoins à mon point d’arriver à Yellowknife le 13 août 2018 pour fêter avec eux mon cinquantième anniversaire et la réalisation de mon rêve d’enfance. Il et elle sont aujourd’hui des lecteur et lectrice de course! Et je sais que vous aimez ça quand je vous raconte mes histoires … faque gâtez-vous mes amours, j’espère que ces récits vous feront un peu rêver!

Je le fais aussi pour me donner l’opportunité de remercier encore une fois toutes ces personnes qui m’ont aidé à rendre ce projet possible (et tellement plus!). Je pense à ces personnes régulièrement depuis leur rencontre. Certaines sont devenues des amiEs depuis, d’autres auront été des rencontres plus éphémères, mais toutes ont laissé une marque profonde et bienveillante en moi. Ça fait du bien de pensez à vous de temps en temps. Je vous écrierai un peu à chacun et chacune au cours des prochaines semaines.

Puis il y a celles et ceux qui passeront par hasard sur cette page. Qui en entendront parler par des amiEs et qui y trouveront une histoire réconfortante, rafraîchissante ou inspirante. 

Toute ma vie, j’ai été inspiré par des gens connus et inconnus qui sont passés dans ma vie, de près ou de loin. Sans ces personnes, je n’aurais pas une vie aussi riche que celle que j’ai aujourd’hui. 

Je pense particulièrement à ces deux jeunes hommes qui en 1980 sont venus présenter un diaporama de leur expédition de ski de fond à l’école. En quelques minutes, ces inconnus ont planté une graine dans mon esprit qui allait prendre tout son temps pour germer. Au fil des ans, leur récit me portera, me permettra de croire qu’il est possible de faire des choses que je croyais impossibles – et qui pourtant une fois réalisées me sembleront si faciles. Si je peux, en partageant mes histoires de voyages un peu particulières, inspirer ne serait-ce qu’une seule personne comme ces deux gars l’ont fait pour moi il y a plus de quarante ans, je serai heureux.

Je fais partie des gens qui ont une foi inattaquable en l’humanité. Oui! Certaines actions m’exaspèrent, me découragent et me font questionner ma foi. Nous avons une capacité à créer une merveilleuse beauté autant que celle de la détruire. Je sais que je fais partie des privilégiés de ce monde qui ont le luxe d’émettre ce genre de commentaire. Le luxe de ne pas souffrir de la faim, de la menace d’être violenté d’une manière ou d’une autre, le luxe d’être né ici par hasard.

Me remémorer cette traversée du Canada à coup de pédales en vélo, aidé par près d’une centaine d’amiEs et d’inconnuEs, soutenu moralement et physiquement par des gens qui n’avaient pas besoin de le faire, me fait du bien. J’espère que vous pourrez y trouver votre compte aussi. Que ces quelques minutes hebdomadaires sauront vous permettre une pause santé. J’espère que mes mots sauront faire honneur à cette bonté et à cette bienveillance qui nous entoure, mais que l’on prend peut-être un peu trop souvent pour acquises.

Sans plus tarder donc, je me lance, et je revisite ce merveilleux voyage qui m’a tant apporté, en espérant reprendre la route à vélo bientôt, et pourquoi pas, avec Émile et Julianne!

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Mardi, 1er mai 2018, jour 1, sur la page Facebook d’Un été sans gazer (devenu depuis « Inspirer avant d’expirer » à laquelle s’est aussi ajouté un site web) j’écrivais ces deux publications:

« Bon bein, après plusieurs mois à rêver à ce moment, plusieurs heures plus tard que j’espérais, à 11h40 je donnerai mes premiers coups de pédales vers Yellowknife, le coeur léger et un vélo beaucoup trop lourd ! 

Au plaisir de vous croiser sur la route.

*note à moi-même : écrire le prochain texte sur la différence entre « s’attendre à » (comme dans s’attendre à partir à 8h) et « espérer » partir à 8h … pas tout à fait la même chose à vivre. »

« Journée no.1 … plus que 103 !!

71 km de St-Siméon à St-Omer

5h sur le vélo

8h30 sur la route

0$ d’utilisé

J’ai hâte de passer par une pesée pour savoir le poids que je traine

vitesse moyenne : 14,2 km, vitesse maximale : 45,5 km/h (au milieu de la descente, je me disais que ce serait peut-être bien d’avoir un casque …)

Merci Mathieu Harton pour le premier groupe de soutien sur le bord de la route … t’es hot man. Merci aussi Catherine d’avoir pris le temps d’arrêter pour un brin de jasette. Ça fait plaisir.

Salut à Louisa et Ginette Babin que j’ai croisé à Caplan la semaine dernière pendant mon « entraînement » et encore aujourd’hui … ça c’était très cool.

J’imagine que ça va slacker un moment donné, mais quelle belle journée remplie de belles rencontres de bord de route, de coques chez Roy (pis merci au Ed’s PC Lab pour les batteries homemade).

Pis tout ça se fini au Naufrageur, avec des tounes des Some Blaireaux pis une bière dans un corpo dans lequel je me suis invité !

Et en arrivant chez ma blonde, des pâtes pour 10, une bonne 50 pis toute pis toute.

Je suis vraiment chanceux de vivre ça … et justement, je me sens bien en vie.

Au plaisir de vous jaser ça sur la route ! »

Ces moments sont gravés profondément dans ma mémoire. Même après 5 ans, je revois Matthieu sur le bord de la 132 dans la montée à Caplan avec son foulard blanc… Je revois Louisa et Ginette qui m’ont suivi sur Facebook pendant les quatre mois de ma traversée et qui commentaient gentiment mes publications de temps en temps. Il y a aussi eu ce gentil monsieur dans le coin de Cascapédia sur son « loader » qui m’a parlé du Nord Canadien où il avait passé un moment plus jeune et qui m’a permis de sauver quelques km sur une route sans accotement en passant par un chemin fermé à la circulation automobile. Et Roy qui m’attendait avec son signe « Yellowknife » qu’il avait pris la peine d’installer au coin de sa rue et que je n’ai même pas vu. Roy a fait parti de mon voyage au quotidien avec sa batterie home made qui rechargeait les cellulaires qu’ils m’avaient si généreusement prêtés pour le voyage et qui ont pris toutes les photos qui meublent aujourd’hui mes souvenirs. Merci Roy! Pour ça, et pour bien d’autres choses!

Je me souviens aussi, peut-être un peu moins clairement, de mon arrêt à la micro brasserie Le Naufrageur à Carleton, dans un événement corpo dans lequel je n’avais vraiment pas rapport avec mon kit de vélo tout croche et mes 65 km de route dans le corps. La petite bière a quand même fait du bien au son des Some Blaireaux avant de reprendre la route à la noirceur (ce que j’ai ensuite autant que possible évité de faire).

Ça fait plaisir de revivre un peu ces moments si précieux!

J’ai hâte de voir par quel bout je vais prendre la suite de ce voyage au fond de ma mémoire…

À suivre!